Rio Tagus Gilles Collignon
Il n’est pas rare de trouver dans les ports, des navires abandonnés depuis des années. Les marins se retrouvent ainsi abandonnés dans un pays étranger sans argent, nourriture, eau potable, courant électrique ou chauffage.
J’ai pu monter sur le chimiquier « Rio Tagus », les marins Africains et Ukrainiens étaient repartis depuis des mois grâce à la solidarité des Sétois. Ils étaient restés bloqués à quai, sans argent, nourriture, eau potable, courant électrique, chauffage durant 4 mois.
Ce navire, bloqué en 2010 par les autorités portuaires en raison de son état de délabrement, avait failli couler au large de Sète, et j’ai parfois eu le sentiment oppressant de me trouver dans ce qui aurait pu devenir un tombeau.
petite bio :
Les mots font voyager, les photos aussi. Si « écrire, c’est donner à lire » photographier serait donc donner à voir, donner à se voir, car il y a beaucoup de soi, de sa sensibilité, de ses humeurs.
Je retourne très souvent dans les mêmes lieux, ceux qui m’ont parlé et touché, pour traduire dans ma photo, non pas la réalité, mais ma réalité.
Pour moi la photo est un sport solitaire, mais contrairement aux apparences mes photos ne sont pas désertes, dans toutes les images, il y a trace de l’humain, trace de passage… Mes photos je l’espère ne sont pas passéistes, l’ancienneté d’une chose ou d’un paysage ne lui confère pas automatiquement la beauté.
Avant de passer au déclic, j’ai besoin de temps, le temps de humer une atmosphère, une ambiance, de sentir la lumière. Le temps de me poser d’observer, de me perdre, quelquefois de me raconter une histoire. Le »temps de pause » qui me laisse dériver, lâcher prise. Comme Depardon, se mettre en errance, s’égarer, s’ouvrir à l’espace et au temps, s’abandonner…
Si la photo est un état des lieux, c’est aussi une sorte de trahison du réel, la quête du photographe, c’est la maitrise de cette trahison, et la technique photographique ne doit être là que pour servir cette trahison consciente, elle doit se faire oublier pour ne laisser place qu’à l’émotion.
son site : http://gillescollignon.jalbum.net/gilles%20collignon/